Crédit Foncier : un démantèlement en règle

Faute de rentabilité suffisante, Le Crédit Foncier va être absorbé par sa maison mère, le groupe BPCE (Banque populaire et Caisse d’épargne). Les 2000 salariés ont appris la mauvaise nouvelle en juin. Une intersyndicale réclame un « accompagnement social digne de ce nom ».

 

Le 17 octobre, plus de 500 personnes venues des quatre coins de la France ont manifesté devant le siège parisien de la BPCE. C’est la dernière action en date des salariés pour exprimer leur colère. Et discuter des modalités sociales du démantèlement du Crédit Foncier. En effet, 112 agences vont prochainement fermer. Le projet de la maison mère BPCE consiste en « l’intégration des activités et le redéploiement des savoir-faire et de l’expertise du Crédit Foncier au sein du groupe ». Dès janvier 2019, la banque ne pourra plus accorder de prêts immobiliers aux particuliers. Mais, elle assurera la gestion des crédits existants jusqu’à leur extinction.

Le groupe BPCE s’est engagé à reclasser dans l’une ou l’autre de ses entités les 1400 salariés dont le poste disparaît. Des  repositionnements sur des postes « de même nature, à classification équivalente et dans le même bassin d’emploi » comme l’ont réclamé les syndicats. C’était l’une de leurs premières revendications.

50 % d’adhérents en moins pour la section CFTC

Le deuxième impact du projet concerne les 600 suppressions de poste prévues au siège dans les 5 prochaines années. Il s’agit des salariés chargés de gérer les crédits en cours, soit 114 milliards d’actifs. L’intersyndicale réclame un guichet de départ pour la fin de leur mission. « Nous demandons que nos collègues restant dans la structure extinctive soient traités selon un principe d’équité. C’est la raison pour laquelle, l’intersyndicale souhaite que des garanties équivalentes à celles proposées aux 1400 salariés à repositionner leur soient assurées. Ils auront à les mettre en œuvre lorsque leur poste sera appelé à disparaître » expliquent Stéphanie Dittner, déléguée syndicale, et Christel Arnaud Saint Martin, déléguée syndicale centrale. Les élues CFTC cumulent à elles deux plus de 30 ans d’ancienneté : « C’est difficile de voir notre entreprise disloquée, nos collègues partir. Pour nous, les salariés ne sont pas que des matricules. Nous sommes nombreux à être âgés de 40 à 45 ans, voire plus. Nous nous connaissons depuis 15, 20 ou 25 ans. C’est un déchirement. En plus, nous allons perdre la moitié de nos adhérents. La CFTC était la 2e force syndicale, avec plus de 24 % aux dernières élections. Comment allons-nous nous remettre de cette hémorragie ? ».

Les négociations, engagées mi-juillet entre l’intersyndicale et la direction, doivent se poursuivre jusqu’à la mi-novembre. Elles visent à la finalisation d’un accord GPEC proposé par les syndicats en solution alternative au PSE. L’enjeu reste d’offrir de meilleures garanties à tous les salariés.

La disparition d’un acteur de l’immobilier social

Créé en 1852, le Crédit Foncier de France s’est distingué en répondant aux besoins des clientèles qui intéressaient peu les banques traditionnelles : les familles modestes, les personnes âgées de plus de 60 ans et surtout les nouveaux profils professionnels, travailleurs indépendants et salariés sans CDI. L’établissement proposait à ces populations des prêts à durée longue (30-35 ans), devenus l’une de ses spécialités.

La banque était l’acteur historique du financement de l’immobilier social et un partenaire des pouvoirs publics. Elle a réalisé 50 000 opérations de financement d’accession sociale à la propriété sur un total de 150 000 par an. L’établissement a également distribué 46 % de prêt d’accession sociale au logement (PAS) et 31 % de prêt à taux zéro (PTZ). Sans compter sa large contribution aux objectifs du plan national de rénovation énergétique via le financement de nombreuses copropriétés. La disparition du Crédit foncier sonne donc la fin d’un modèle social.

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