J5 Semaine européenne 2021 pour l’emploi des personnes handicapées « Le handicap invisible, Un salarié témoigne de son parcours »

A quelle situation faites-vous face et comment la vivez-vous ?

Sportif, j’ai l’air d’être en bonne santé. Pourtant, je suis en situation de handicap. Que ce soit dans le monde du travail ou dans ma vie personnelle, je suis fréquemment confronté à un manque de compréhension de la part de personnes connues et inconnues. Il m’est difficile de me justifier, d’exprimer la souffrance liée à mes douleurs dans le monde du travail, car cela génère des réflexions et des remontrances. J’aimerais que les individus fassent preuve de plus de compassion.

Comment est perçu votre handicap par vos collègues de travail ?

Si mes collègues sont au courant de mon handicap, ils ont du mal à comprendre qu’un grand sportif puisse souffrir d’un handicap, et des difficultés que cela peut engendrer. Je travaille sur une ligne de production agroalimentaire. Quand je vais bien, mon travail peut être efficient sur les tâches les plus complexes. Mais je suis vite fatigué et ne peux travailler qu’un temps limité sur ces tâches-là. Lorsque je m’oriente vers des tâches moins physiques, je sens le poids des critiques.

Comment est perçu votre handicap par votre employeur ?

Travaillant dans une coopérative, nous sommes tous « patrons », à la fois coopérateurs et salariés. Le responsable de production, qui me voit « jeune » et « sportif », préfère me positionner sur les lignes de production les plus difficiles car je vais toujours faire de mon mieux. Il faut comprendre que cela n’est possible qu’à temps partiel, et de véritablement l’intégrer dans la durée.

Comment votre employeur a-t-il pu adapter votre situation de travail ?

Dans l’entreprise où j’exerçais auparavant, je n’ai jamais réussi à parler de mon handicap. Avec la coopérative, j’ai mis du temps à décider d’apporter mon dossier médical avec mes IRM lors d’un rendez-vous avec mon médecin du travail. Dès lors, ce médecin a considéré mon problème comme étant le sien, et est intervenu pour adapter mon poste de travail. Ainsi, [avec l’appui du Cap Emploi], une ergonome s’est rendue dans l’usine afin d’observer mon travail au quotidien. Suite à plusieurs visites médicales, une réunion a été organisée avec moi-même, le médecin du travail et l’ergonome, le responsable, le directeur de production et la secrétaire, pour améliorer mes conditions de travail et faire évoluer les mentalités. Cela a engendré des premières évolutions, avec une meilleure considération de ma problématique. Néanmoins, le chemin est encore long, car on continue de me « prendre par les sentiments » pour continuer à travailler sur les machines plus de temps que recommandé, et il n’est pas aisé de refuser.

Aujourd’hui, je commence à réfléchir à changer de poste ou de travail, où un accompagnement est possible par mon médecin du travail.

En quoi le fait que votre handicap ne soit pas visible impacte votre vie professionnelle et personnelle ?

Au niveau professionnel, je suis une personne consciencieuse. Travailler régulièrement dans la douleur m’oblige à prendre des antidouleurs le soir.

Le mouvement et les séances de kinésithérapie 3 fois par semaine sont d’une grande aide, ces dernières me soulagent. J’alloue donc un temps personnel conséquent à ma santé.

Également, dans la vie quotidienne, je suis souvent confronté à des regards accusateurs lorsque je m’assoie dans un bus, par exemple lorsqu’il y a du monde et qu’une personne âgée se trouve debout. Quand je vois une personne paraissant en bonne santé être prioritaire à une caisse spécial « handicap », j’essaie de sensibiliser les autres individus pouvant être critiques, en expliquant qu’un handicap ne se voit pas forcément.

Quel est votre handicap ?

J’ai d’abord subi un accident du travail il y a de nombreuses années en me tordant le genou avec une machine, puis un accident de moto. Cela a engendré de l’arthrose au genou et des douleurs au quotidien, aujourd’hui je n’ai quasiment plus de cartilage.

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