Le secteur de la banque emploie 362.800 personnes en France, un chiffre en recul de 1% comme l’année passée. Il a recruté 42.300 personnes, à plus de 50% en CDI, ce qui ne compense pas les départs, en retraite notamment. Le projet de CDI d’opération est pour l’instant gelé.
“La banque n’est pas la sidérurgie de demain“, a martelé Marie-Anne Barbat Layani, la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF). “Il y a toujours une petite baisse tendancielle des effectifs depuis 2011 mais nous avons beaucoup embauché“, a-t-elle fait valoir lors d’une conférence de presse, ce jeudi 20 juin. Le secteur de la banque comptait 362.800 employés à la fin de 2018, ce qui représente 1,9% de l’emploi salarié privé en France. Ce nombre est en recul de 1%
par rapport à 2017, qui avait enregistré une baisse de 1,2%. Le secteur a embauché 42.300 personnes l’an dernier, très légèrement plus que l’année précédente, selon les chiffres publiés ce jour.
“Nous ne sommes plus créateurs nets d’emplois, il y a moins besoin de salariés, notamment du fait de la technologie. Les Français sont conscients de ces évolutions”, a déclaré la directrice générale de la FBF.
La baisse des effectifs est plus marquée chez les mutualistes (167.500 emplois en tout) que chez les banques commerciales
(195.300). Les Crédit Agricole, Crédit Mutuel, Banques Populaires et autres Caisses d’Epargne ont embauché 22.500 personnes, ce qui n’a pas compensé les 24.900 départs (soit 2.400 personnes de moins). Les BNP Paribas, Société Générale et autres (étrangères par exemple) ont recruté 19.800 personnes et enregistré 20.500 départs.
Interrogée sur les perspectives pour les années à venir et la possibilité de voir des départs contraints dans ce secteur qui affronte la concurrence de nouveaux entrants venus du numérique (Fintech et Gafa), la patronne du lobby bancaire ne s’est pas risquée à une prévision.
“Les départs contraints ne sont pas la tradition du secteur. Il y a eu des plans de départs volontaires. C’est un secteur qui traite bien ses salariés et qui a un dialogue social actif” a-t-elle répondu.
Situation rare, une grève a eu lieu chez BNP Paribas France le 4 décembre à l’appel de cinq organisations syndicales (SNB/CFE-CGC, CFDT, CGT, FO, CFTC) dénonçant la dégradation des conditions de travail et un manque de reconnaissance, à laquelle plus de 40% des salariés auraient participé.
Les CDI d’opération en stand-by
Du fait de la pyramide des âges, les départs en retraite vont rester importants “pendant encore deux ou trois ans“, a-t-elle estimé : en 2018, ils ont représenté plus d’un départ sur quatre dans le périmètre des banques commerciales, quand les plus de 60 ans pesaient plus de 43% des départs en 2014. Le lobby de la profession souligne que le secteur a recruté à plus de 50% en CDI et même à 68,5% chez les banques commerciales.
En avril dernier, quatre syndicats, CFDT, CFTC, CGT et FO, ont bloqué un accord de branche sur les CDI d’opération et l’assouplissement des modalités d’usage des CDD, qui avait été signé par le syndicat majoritaire, le SNB-CFE-CGC (34% de représentativité). Ces contrats à durée indéterminée sont conclus “pour la durée d’un chantier ou d’une opération” et leur rupture se traduit par un licenciement pour “une cause réelle et sérieuse“. Si ce type de contrat aurait permis d’internaliser
certains emplois dans l’informatique, où les banques ont recours à de nombreux prestataires externes, les syndicats avaient dénoncé un risque de régression sociale avec des “CDI Kleenex” créant des “salariés jetables“.
“Ces syndicats ont fait jouer leur droit d’opposition. Pour l’instant, la situation est bloquée” a indiqué la directrice générale de la FBF. “Le sujet était poussé chez nous par de nombreuses banques étrangères dans le cadre de rapatriements ou d’embauches liés au Brexit, inquiètes des conséquences financières en cas d’erreur de recrutement. Le plafonnement des indemnités prud’homales, avec l’exclusion des bonus, a apporté une partie de la réponse”, a-t-elle précisé.
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