Déclaration CFTC au CSEC BNPP-PF du 16 avril 2021

Monsieur le Directeur Général,

A l’aune de votre mobilité au sein de la Direction générale du groupe BNPP, nous sommes amenés à rendre prochainement un avis sur la politique sociale et économique de l’entreprise BNPP PF pour l’année 2020.

Que dire si ce n’est que pour nous, élus de la CFTC, qui sommes les porte-voix de nombreux salariés, cet avis à venir aura certainement un goût d’amertume.

Certes, l’entité PF, plus que toute autre entité du groupe, a subi de plein fouet l’impact délétère de la crise sanitaire sans précédent, que nous avons connue en 2020.

Mais, nous devons faire le triste constat que cette situation exceptionnelle s’est accompagnée d’une dégradation chronique et rapide du cadre social et professionnel dont PF pouvait autrefois en tirer fierté.
➢ Une volonté d’accélérer le pas du plan Forward + dans sa trajectoire de baisse des coûts, s’est traduite, entre réorganisations, arrêts des recrutements et départs naturels, par une
accélération des suppressions de postes. Un des corollaires étant une dégradation manifeste des conditions de travail et l’aggravation de risques psycho-sociaux dans plusieurs métiers.
➢ L’objectif de respecter des exigences toujours plus fortes en matière de RONE, semble avoir brouillé la visibilité d’une stratégie d’entreprise qui jusqu’en 2019, nous paraissait encore
lisible et porteuse d’un espoir de ré-enchantement pour les salariés.

Et pourtant, le résultat de PF sur 2020, sans prise en compte des coûts du risque, s’est plus que bien tenu dans un contexte économique mortifère.

Malgré, vous en conviendrez, cet « exploit », vous avez décidé de masquer les efforts des salariés en proposant un intéressement fortement déflationniste par l’application d’une politique de prudence qui se situe au-delà des exigences règlementaires. Pourquoi ? pour quelles raisons, n’avez-vous pas décidé de passer outre, le cadre d’un accord (que la CFTC n’ a pas voulu signer) pour récompenser à sa juste mesure, la mobilisation, l’implication des forces vives de cette entreprise qui ont largement contribué à ce qu’un désastre ne se réalise pas.

Ces forces vives qui voient leur rémunération baisser significativement parce que vous considérez sans doute que le cadre social de PF est trop généreux.

Votre mandat chez PF se termine et quand bien même nous devons saluer votre grande maitrise dans la gestion financière de notre entité, eh bien oui, notre ressenti reste cette note d’amertume à
ce que vous n’ayez pu ou su concilier résultats et maintien d’une politique sociale digne de ce nom.

Faut-il voir dans cette politique sociale moins-disante, une volonté de complaire à la Direction Générale du groupe qui a salué votre performance aux commandes de PF en vous nommant à la tête
de l’efficience du groupe ?…

Stéphane Hessel, diplomate français, libre penseur et contributeur à l’ONU de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a écrit « aux tyrannies du XXème siècle, ont succédé la tyrannie
d’un capitalisme financier qui ne connait plus de bornes »

M. David, faut-il se réjouir de votre promotion ou craindre que votre talent ne soit exclusivement utilisé à répondre aux exigences d’actionnaires avides et peu enclins à considérer qu’un juste partage de la valeur entre actionnaires, entreprise et salariés peut aussi avoir des vertus parce qu’il respecte l’humain dans toutes ses composantes ?…

En excellent polytechnicien que vous êtes, vous nous avez appris que le dialogue social est un langage binaire, c’est 0 ou 1, c’est en être ou ne pas en être, c’est à prendre ou à laisser. Et grâce à
vous, les salariés de PF ont bien pris conscience qu’ils ne sont qu’une variable d’ajustement dont la valeur relative se calcule au travers d’ un coefficient d’exploitation.

M. le Directeur Général, vous appartenez peut-être à cette élite qui considère que le meilleur avenir repose dans le progrès vers le transhumanisme. Nous, nous appartenons à la population qui croit encore qu’un meilleur futur réside dans notre bien commun passant par la prise en compte de l’humain.

Pour finir, nous vous souhaitons que les vents qui vous poussent vous soient favorables ;

En ce qui nous concerne, nous nous souhaitons que les vents qui nous tourmentent ne nous brisent pas et nous rendent plus forts.

Merci

 

Crédit image : Flickr

Déclaration CFTC au CSEC BNPP-PF du 16 avril 2021
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